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(EN FRANCAIS) La guerre aux couteaux en passe d'avoir lieu; ce n'est pas une innovation des Palestiniens de notre temps

La guerre aux couteaux en passe d’avoir lieu.

Ce n’est pas une innovation des Palestiniens d’aujourd’hui

 

(également en une version courte sur Quid.ma, Ici

(une version en arabe, également disponible, Ici

 

La meilleure arme d’Israël: pervertir la nature nationale du conflit

 

Du moment où Israël a la suprématie militaire, technologique, scientifique et institutionnelle sur tout son environnement régional, cet état, tous courants politiques confondus, a cru depuis longtemps, que la clef d’or pour continuer à rendre opérationnelle cette force sur le terrain, est de tout faire pour diluer la cause palestiniens, d’essence nationale dans les faits, en un conflit religieux abstraits plus large, où plusieurs conceptions du sacré s’affrontent (sa première politique envers le Hamas du Cheikh Yassine, puis la parade ostentatoire d’Ariel Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, l’exigence de reconnaître Israël non pas seulement comme état, mais comme Etat Juif; pour certains grands repères), et ce au lieu de ce qu’on reconnaisse qu’il s’agit d’abord, dans ce conflit, des intérêts des hommes sur terre ici-bas.

 

Ce format de dilution et mise en flottage de la cause nationale palestinienne n’en est pas à son premier format. Il est devenu un impératif, pour Israël, dès que les premières brèches et fissures ont commencé à apparaître dans un ancien format de mise en flottage de ladite cause qui a sévi dès l’avènement de l’état d’Israël et dont les bases remontent à l’époque de Laurence d’Arabie et de la mise en avant du panarabisme, par les forces coloniales, comme force montante pour en finir avec l’Homme Malade qu’était l’Empire Ottoman. Il s’agit du cadre du panarabisme, dont l’âge d’or fut lorsque la puissance du pétrodollar s’est conjuguée, dans les années 60 et 70 du 20e siècle, au triomphe idéologique du Nassérisme et du Baasisme dans leurs rivalités.

Il s’agissait d’un cadre où les régimes arabes se sont donné comme mission et raison d’être et de légitimation, la mission de "libérer la Palestine, toute la Palestine", quitte à "jeter les Juifs dans la mer". Chaque régime s’est donc forcé de s’assurer sa propre représentation au sein des organisations de la résistance palestinienne de venues OLP. Les courants politiques d’opposition ou de simple ‘refus’, là où cela existe dans ces régimes, se sont également servi de la ‘cause palestinienne’, hissée par certains au rang de ‘Cause Nationale’, et ce pour piéger leurs dirigeants sur un terrain dont ces dirigeants se disputent le championnat entre eux. Les manifestations-monstres, à toute occasion, ont toujours été, pour le fond et dans la forme, une manière de tester et de démontrer la force dans la rue d’une façon euphémique.

De cette surenchère multidimensionnelle sur cette cause, Israël a su tirer un grand parti, qu’il a su entretenir et qui lui permettait, aussi bien aux yeux de ses propres citoyens qu’aux yeux du reste du monde, de paraître comme un petit état moderne et fort à tout les niveaux, seule démocratie au milieu d’un désert de despotisme archaïque et/ou de dictature militaire où la rue fait partout corps avec ses régimes contre Israël, dont l’hostilité envers qui et la volonté de le détruire demeurent le seul ciment qui rassemble entre eux, aussi bien ces régimes qui se disputent la légitimité, que chaque régime d’entre eux et sa propre rue ("إن القضية الفلسطينية، بطبيعتها، أحدُ شيئين, إما الإسمنت وإما الديناميت بين الدول العربية” avait dit un jour l’un des dirigeants de l’époque, l’Algérien, feu Houari Boumediene).

 

Israël, tous les courants politiques confondus, a cru qu’en s’assurant une suprématie militaire et technologique dans son environnement régional et en diluant la cause palestinienne dans un océans houleux de courants religieux contradictoires, les palestiniens finiront pas se lasser de faire les jeux des différentes obédiences religieuses qui remplacent les anciennes dites obédiences pan-arabistes non moins contradictoires, et qu’ils disparaîtront par voies de migration dans tous les sens et/ou par dissolution dans le grand Etat d’Israël sous un statut particulier.

 

Israël a certainement réussi à opérer cette dernière forme de perversion de la cause palestinienne en un problème céleste de guerre de religions (v. Ici); et cela lui a permis, comme dans le premier cadre de dilution (le cadre panarabe), d’engranger les dividendes politiques pour ses actions militaires au Nord comme au Sud, aussi bien sur le plan de la géopolitique internationale, sous forme de contribution à la lute contre le terrorisme international qui est devenu une réalité objective d’ailleurs, que sur le plan de la politique de mobilisation interne (un nouvel souffle idéologique après l’époque romantique du socialisme des mochavim et kipoutzim) et sur le plan de sa politique dans ‘les Territoires’ (consommer idéologiquement, politiquement et institutionnellement la bantoustanisation du peuple palestinien, déjà opérée géographiquement entre la Ci-Jordanie et Gaza, et peut être d’autres micro-entités à voir le jour).

 

La ruse de l’histoire

 

L’histoire a pourtant toujours démontré qu’elle a sa propre logique, complètement indépendante (dans le sens hégélien) des calculs de "ce qui est dans les têtes du chameau et du chamelier" (expression parémiologique marocaine) dont elle se sert plutôt avec ruse pour s’accomplir. Après les guerres sophistiquées de chars et d’avions, bien adaptées aux formats de mise en flottage de la cause national palestinienne qui en font un enjeu d’états voisins et lointains, la guerre des pierres eut lieu, suivie aujourd’hui de la guerre aux couteaux à laquelle on assiste aujourd’hui. Les palestiniens ne se sont pas enfin de compte réduits en poussière; ils se sont juste trouvés libres d’initiative face à leur sort pour défendre la vie, quitte à se donner contingemment et collatéralement la mort pour cela face au désespoir, en semant allègement la mort autour de soi, comme l’avaient fait leurs ancêtres lointains sous d’autres conditions historiques. Et l’appareil militaire sophistiqué d’Israël, qui a tant inspiré confiance et fierté au citoyen israélien l’incitant à chaque fois à voter démocratiquement à droite ou à gauche, le but étant toujours de garantir la paix et sécurité par l’offensive, ne peut plus rien face à ces nouveaux moyens ‘disproportionnés’ de mener la guerre, à savoir la guerre aux couteaux sur les trottoirs, dans les cafés et dans les (arrêts de) bus.

 

La guerre des couteaux n’est pas une innovation des Palestinien d’aujourd’hui

 

La guerre terrible aux canifs n’est pourtant pas une innovation martiale des Palestiniens de notre temps. C’est une expérience qui remonte, dans les lieux, à l’époque romaine et qui a bien été décrite notamment par le grand historien juif, Flavius Joseph (v. Ici), dans son ouvrage marquant rédigé à l’origine en araméen et disponible aujourd’hui en plusieurs traduction dont une traduction française "Les guerres des Juifs contre les Romains". De son nom, יוסף בן מתתיהו הכהן, connu du nom Flavius Joseph, a bien décrit la nouvelle méthode martiale mise au point par certains groupes d’extrémistes juifs zélés de Palestine pour faire face à l’appareil militaire sophistiqué romain qui ne portait aucun apostolat céleste, qui ne s’intéressait qu’à ce qui est à César, i.e. les intérêts de Rome ici-bas, et auquel aucune puissance militaire de l’époque (de Carthage à l’ancienne Egypte) n’a pu résister.

Il s’agit, entre autres, du groupe des Sicaires (סיקרים ; v. Ici en héb. et Ici, en fr.) dont l’appellation dérive de la ‘sica’, une sorte de poignard légèrement courbé à la manière de la ‘kummiya’ ou la ‘hezzaniya’ marocaines ou le ‘khinjar’ yéménite. Ces groupes, les premiers à systématiser l’attentant et l’attentat-suicide comme méthode de guerre de résistance, ont été décrits par F. Joseph d’une façon qui en fait sans ambages de vrais terroristes avant le terme, au sens donné à ce terme depuis la 2ième Guerre et surtout aujourd’hui en Israël. Cela d’autant plus que ces groupes, qui s’attaquaient en principe aux romains, ont  fini par s’en prendre aux leurs pour les contraindre à se révolter tous contre les romains par les mêmes méthodes.

Un sicaire est toujours un lambda comme les autres. Il se promène dans les ruelles, les souks et les tavernes de Jérusalem dans l’indifférence générale. Et dès qu’une occasion s’offre dans un lieu, il tire sa ‘sica’ de sous ses vêtements et poignarde autant de personnes qu’il peut avant de prendre la fuite, s’il n’est pas abattu à son tour. Il n’y avait pas que les romains qui étaient visés. Après l’intronisation d’Hérode par les romains comme roi des Juifs à Jérusalem sous leur tutelle et au détriment du corps des prêtres, tout collaborateur ou simple passif parmi les Juifs eux-mêmes devient une bon comme cible des sicaires. L’appareil militaire et sécuritaire romain s’en trouva paralysé, et la gronde général consécutive à l’insécurité commença alors à avoir raison de l’autorité romaine dans les lieux.

 

Seul sauveur possible d’Israël face à la guerre des canifs

 

Pour revenir, enfin, à l’édition actuelle de la tradition martiale de guerre des couteaux, il semble fort possible que seule une partie est aujourd’hui habilitée à voler en rescousse à Israël. Ce sont les lanceurs de roquettes, ces pétard de l’Achoura par lesquels on mène la compétition de se constituer comme véritable  interlocuteur ‘représentatif’, et qui permettront, en fait et de nouveau, à l’appareille militaire sophistiqué d’Israël de retrouver son efficacité rassurante auprès des citoyens israéliens, qui, au lieu de vivre avec de la peur dans le ventre et de l’angoisse au quotidien (v. Ici), recouvreront de nouveau la confiance et la fierté qui pousseront même certains à sortir encore une fois la nuit pour se percher sur les hauteurs des collines et s’adonner de nouveau, jumelles sur le nez, à des veillées collectives de voyeurisme macabre des bombardements d’une énième guerre propre contre le lieux (maisons, écoles, hôpitaux, etc.) où se retranchent les lanceurs de pétards;(1) tout comme les maleureux de l'autre côté ont noyé un jour leur malheurs en dansant leur 'hymne à la joie' suite à la destruction des Twins de NY. Le Conseil de Sécurité entrera de nouveau en ligne et votera une énième résolution de cesser le feu et de reprise des négociations, et les élections démocratique se tiendront de nouveau en Israël dans l’enthousiasme sur fond du Syndrome de Bar Kokhba / Massada (v. Hadas-Lebel; aussi un aperçu Ici). Pour ce qui est de ce que les uns et les autres entretiennent dans les têtes pour justifier ce que font les mains, la France vient même de proposer une résolution de présence d'observateurs internationaux sur le lieu de la Présence de l’Eternel sur terre, afin de départager les fidèles qui se le disputent. Tandis que l’historien franco-israélien d’origine casablancaise, Yigal Bin Nun, spécialiste des Ecriture et de l’histoire confessionnelle du Judaïsme, vient de donner une conférence magistrale à l’Université de Tel-Aviv (23 mars 2015) sous le titre "Quand est ce que sommes nous devenus Juifs" (מתי הפכנו ליהודים ?) où il se demandait "si la destruction du Temple par les Romains n’avait pas été la meilleure chose qui fut arrivée au Judaïsme?" (האם חורבן המקדש בידי הרומאים היה הדבר הטוב ביותר שקרה ליהדות?; v. vidéo Icicf. également Ici; en ar.).

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(1)  Isaïe-2 constata un jour que:

8 Leur pays est rempli d'idoles; ils se prosternent devant l'ouvrage de leurs mains, devant ce que leurs doigts ont fabriqué.

 

Et Isaïe-2 de conclure

Et l’homme fort sera l’étoupe, et ses œuvres, l’étincelle ; ils brûleront tous deux, ensemble, et personne n’éteindra.

 

Il rajoute (Isaïe-2)

11 Les yeux hautains du mortel seront abaissés, et l'orgueil de l'homme sera humilié, et Yahweh sera exalté, lui seul, en ce jour-là.  12 Car Yahweh des armées aura un jour contre tout orgueil et toute hauteur, et contre tout ce qui s'élève,  pour l'abaisser; 15 contre toute tour superbe, et contre toute forte muraille; 17 L'arrogance du mortel sera humiliée, et l'orgueil de l'homme sera abaissé, et Yahweh sera élevé, lui seul, en ce jour-là.

 

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Réf.

Josephus (Engl. Translation; 1981). The jewish war. Translated by G. A. Williamson. Pinguin Classics. Harmondsworth. England.

Hadas-Lebel, Mirielle (1995). Massada. Histoire et symbole. Présence du Judaïsme. Albin Michel.  Paris

Harkabi, Yehoshafat (1983). The Bar Kokhba Syndrome. Chappaqua. New York. (voir un apercu Ici, en ang.)

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Mohamed Elmedlaoui

https://orbinah.blog4ever.com/m-elmedlaoui-publications-academiques



19/10/2015
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