Le Maroc africain en mouvement
Le Maroc et l’Afrique en mouvement,
Quid de l'AfriCulture marocaine?
1- Le cadre
Dans le cadre la grande manifestation culturelle "L’Afrique en Capitale" (28 mars – 28 avril), il s’est tenu se matin (13 avril) au Musée de l’Art Moderne et Contemporain de Rabat une autre rencontre sous le thème "L’Afrique en Mouvement".
En s’inscrivant dans la problématique de la migration dans son rapport avec les politiques publiques nationales, régionales et internationales d’échange et de coopération portant sur l’Afrique, le débat de la matinée a pour thème "Circulations des imaginaires au prise de l’identitaire".
La synthèse qui émane des contributions, qui se complètent, des intervenants dans ce panel est que l’Imaginaire, qui génère et régénère les représentations identitaires, est une sorte de kaléidoscope à facettes multiples. Ces facettes, on en couvre certaines à l’échelle individuelle ou collective, et/ou en découvre et redécouvre d’autres facettes selon le cas, afin de les mobiliser et les remobiliser pour accompagner, "rationnaliser" et "légitimer" une dynamique de terrain en cours, déterminée sur d’autres plans de la pensée/logos et/ou de la pragmatique/praxis, toujours à l’échelle individuelle, collective, voir étatique. C’est un processus permanent de Construire, Déconstruire et Reconstruire.
2- Certaines idées
C’est dans cette dernière perspective conceptuelle et de représentation que, dans mon intervention en tant que membre du public, j’ai fait la remarque suivante dont j’apprécie les feedback des intervenants:
[[L’imaginaire, générateur des représentations identitaire, étant ce qui vient d’être défini, il est à signaler que le Maroc officielle n’a formellement redécouvert ses dimensions géo-historiques et humaines africaines qu’il y a un peu plus d’une dizaine d’années. Cette redécouverte s’est pourtant confinée, jusqu’à maintenant sur les plans officiels: politique, géopolitique, diplomatique et de coopération socioéconomique et de formation dans différents secteurs, mais aussi en matière de politique de migration.
Je constate que par contre, sur le plan de production de récits intellectuels et de production de sens (production littéraire et de fiction au sens large, production médiatique en événementiel et en publication, recherches académiques en sciences humaines modernes pertinentes) ne suit pas (la présente manifestation faisant exception ; voir ICI pour un développement).
Quelle que soit sa valeur éthique et historique, une (géo)politique de terrain a toujours besoin, pour s’implémenter, d’un accompagnement intellectuel de fond (cela a été fait pour ce qui est du Maroc pour sa dimension islamique depuis des siècles, pour sa dimension arabe depuis plus d’un demi siècle et est en train de se faire pour sa dimension berbère/amazighe depuis un quart de siècle). Un accompagnement qui produit des RECITS (parfois des fictions) de rationalisation et de légitimation, de part et d’autre, dans le cadre de la reconstruction de "l’imaginaire", quelle que soient la réalité de cet imaginaire.
A ce titre, et puisqu’il s’agit de l’imaginaire tel qu’il se manifeste aujourd’hui au Maroc sur l’une de ses représentations pertinentes pour les racines subsahariennes du Maroc, géographiquement africain, il serait judicieux de considérer l’imaginaire de la fête typiquement marocaine dite fête de Mimouna (v. un texte ICI).]]
3- Autres idées :
Il va sans dire que ma dernière remarque n’est absolument pas à simplifier comme un appel à ce que l’écrivain, l’intellectuel ou le chercheur en sciences humaines et sociales se réduise à un producteur de récits légitimateurs, un sport intellectuel qui, à traves l’histoire, a fait ses preuves d’échec dans sa mission intellectuelle, la plus tragique pour ce qui est du Maroc et de son entourage au Sud de la Méditerranée étant l’expérience intellectuelle postcoloniale de l’Après Indépendance.
Mais cette mise au point, une fois faite, ne doit pas mettre sous le boisseau la réalité historique conjoncturelle que, parfois (au Maroc en tout cas), ce n’est pas toujours l’avant-garde intellectuelle qui est la première à saisir l’esprit progressif de l’Histoire et qui produit des récits substantiels influents en la matière.
Pour ce qui est du Maroc toujours, et pour n’évoquer que les avancées institutionnelles en matière de pluralité politique et culturelle, du statut de la Femme et d’autres par exemple, cela n’a pas été un aboutissement, sur le plan politique, d’une action intellectuelle, philosophique et littéraire de fond, qui aurait débouché sur une adaptation de re-légitimation sur le plan politique. C’est plutôt un peu l’inverse qui s’est produit dans ces secteurs, avec un retard substantiel de l’intellectuel par rapport au politique.
La redécouverte politique et géopolitique par Maroc de ses dimensions africaines relève de la même dynamique, à vitesses différentes, du politique et de l’intellectuel.
Mohamed Elmedlaoui
https://orbinah.blog4ever.com/m-elmedlaoui-publications-academiques
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