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Témoignage en hommage à Haïm Zafrani

Témoignages en hommage à Haïm Zafrani,

flambeau de la conscience séfarade [i]

 

Mohamed Elmedlaoui

Avril 2004

 

Je commence par le témoignage d’un ami à feu Haïm Zafrani. Il s’appelle Gabriel  Ben Simhon. Universitaire, spécialiste du cinéma italien, écrivain théâtral et romancier de talent, il est l’auteur notamment de la pièce de théâtre ‘melekh marokai’ (מלך מרוקאי "un roi marocain"). Natif de la ville de Sefrou, dont il pérennise la fonction comme foyer affectif sous-jacent en se servant de ses dimensions spatio-temporelles et socioculturelles pour encadrer sa fiction littéraire, notamment ‘hamehallekhim al hammayim’ (המהלכים על המיים "Ceux qui marchent sur l’eau") ou ‘holekhet  im kamun, Hozeret im zaâter’ (הולכת עם כמון חוזרת עם זעתר "Celle qui s’en va avec du cumin et qui revient avec du thym"), dont la traduction anglaise, au titre nostalgique de «Moroccan Love Story» cherche toujours, me semble-il, un éditeur ‘qui soit marocain’, Ben Simhon est un ‘fou’ de son pays d’origine, le Maroc.[ii]

 

En réponse à un message électronique où je lui présentai mes condoléances suite au décès d’un ami à lui et à moi-même, maître en science et aîné en âge et en sagesse, un autre sage ‘fou’ de son pays d’origine, le Maroc, feu Haim Zafrani, décédé le mardi 30 mars 2004, ce ‘fou’ de Sidi Lahsen Al-Youssi de Sefrou m’écrivit ce que je traduis de l’Anglais ainsi :

 

«Je suis affligé d’apprendre la mort de notre ami, Prof. Haim Zafrani. Le sens à donner à l’événement est que personne ne peut échapper à la mort, et que personne n’est éternel, à moins qu’il ne donne quelque chose à ce monde. Et là, je crois que Haim Zafrani a donné beaucoup d’amour à tout le monde, et a légué pour nous et pour beaucoup d’autres un héritage mémorial d’humanisme, de culture judéo marocaine et d’esprit. De ce point de vue, Haim Zafrani a gagné l’éternité et nous a laissé vivre à la lumière de sa mémoire et suivre son exemple dans la vie.».

 

Effectivement, quiconque connaît l’œuvre de feu Haim Zafrani et/ou qui l’aurait aussi approché de près, aussi bien à travers ses écrits que dans la vie de tout les jours, ne peut qu’être frappé par le recul de sagesse et de philosophie que ce savant a toujours su prendre vis-à-vis des vicissitudes de la conjoncture et des aléas de l’actualité, lesquels, ô combien ne sont-ils, le plus souvent, qu’autant d’alibis commodes pour justifier l’instinct grégaire de la foule chez l’inculte d’esprit; que cet inculte soit analphabète conventionnel ou cadre spécialisé. Rien ne perturbe la sérénité de Haïm Zafrani ni la foi inexorable qu’il a toujours eu en la bonté humaine, et aucune de toutes les stupidités sociopolitiques qui ont secoué  son temps et son entourage, en France, au Maroc et au Moyen Orient, n’a jamais pu avoir raison de sa détermination à poursuivre, contre vents et marrées, son entreprise de longue haleine, qui consistait à dépoussiérer tout un pan d’une tradition qui a vécue jusqu’à très récemment, où la culture propre d’un groupe ou d’une ethnie ne faisait qu’ajouter un heureux plus aux conditions générales d’une coexistence en somme plutôt fructueuse, au lieu de se constituer en rempart d’(auto)isolement et en un alibi savant, bon pour justifier la haine qui est propre à  l’ignorance et à l’inculture.

 

L’esprit versé, sur le plan de l’intellect, dans les splendeurs de la kabbale et de la mystique, auxquelles il consacra d’ailleurs beaucoup de ces travaux (Sefer Yetsira, Saadia Gaon, Bifergan , etc.), Haïm Zafrani avait les yeux, sur le plan de l’historie, braqués sur l’espace Judéo-Musulman de l’Andalousie et du Maroc. "Pionnier de la recherche sur l’histoire et la culture du judaïsme maghrébin" - selon les termes de feu Shlomo Elbaz dans l’un de ces derniers articles -, ses publications sont venues combler, au moins en partie, un vide terrible que l’hagiographie et l’historiographie traditionnelles accusaient et accusent encore aujourd’hui, comme l’a souligné un jour feu Germain Ayach, en matière du rôle et de la place de la composante juive dans l’histoire générale et sectorielle du Maroc et de l’Andalousie. En plus de sa production personnelle dans ce domaine, Haïm Zafrani a transformé le département des études hébraïques de l’Université de Paris 8, à un certain moment de sa carrière, en une foisonnante chapelle d’études, presque réservée aux étudiant(e)s marocain(e)s, qu’il initiait avec soin à l’écriture Rachi et à l’étude critique des manuscrits judéo arabes du Maroc, de l’Andalousie et de l’occident musulman en général. Certain(e)s d’entre eux et d’entre elles contribuent déjà aujourd’hui à la prise de la  relève dans le domaine.

 

D’autre part, qui dit Haïm Zafrani dit authenticité marocaine. Natif d’Essaouira (Essaouira 1922 - Paris 2004), un des pionniers de l’encadrement pédagogique de l’enseignement moderne à l’aube de l’Indépendance au Maroc, à côté d’un Abdesslam Yacine (l’actuel marabout leader de la mouvance islamiste Al-Adl wa-Al-Ihasan) et d’un Mohamed Chafik (doyen de la revendication berbère et recteur fondateur du récent Institut Royal de la Culture Amazighe), et membre correspondant de l’Académie du Royaume du Maroc depuis sa création, le roi du Maroc figure toujours parmi les premières personnalités à recevoir toute nouvelle publication que ce savant sort.  Le Professeur émérite de l’Université Paris 8 tient fermement à ce que ses livres ‘arrivent effectivement à destination’ et qu’ils n’atterrissent pas dans un coin du sérail avant l’arrivée à main propre, comme il m’en a avoué le souci tout récemment lors de la dernière visite que je lui ai rendue à l’après-midi du jeudi 04 septembre dernier (2003). Heureusement que Sa Majesté Mohamed VI eut le sens et le tact historiques de décorer ce savant, juste trois ou quatre semaines avant sa disparition, et j’imagine bien ce qu’un tel geste devrait représenter pour quelqu'un qui s’appelle Haim Zafrani et qui tient mordicus à la réalisation en notation hébraïque de la lettre ‘Ayin’ (עין) de son nom, comme nous le verrons. Ce genre de sens et de tact, les collègues et élèves de Zafrani en ont eu aussi lorsqu’ils ont lancé le volume ‘Présence juive au Maghreb’,[iii] qui sort le jour même de l’enterrement, comme pour éviter toute discontinuité dans la vie rayonnante sans fin de ce savant mystique, ouvrage collectif de quarante contributions, offertes «en témoignage d’amitié, d’estime et de reconnaissance à Haïm Zafrani qui, depuis un demi siècle, élabore une œuvre considérable [en explorant] la fécondité du patrimoine culturel bimillénaire du judaïsme marocaine et en faisant connaître sa production écrite et orale dans toute sa diversité et son ampleur ».

 

          Lors de ladite dernière visite que j’ai rendue à la famille Zafrani, et dès mon entrée dans ce paisible et rayonnant appartement de la rue José Maria de Heredia à Paris, Mme Celia Zafrani remit à son mari la carte de vœux, représentant une kettouuva (כתובה) médiévale, que j’avais attachée à un petit bouquet de fleurs que je lui avais offert en entrant, et qui portait quelques mots de ma part en Hébreu, en guise de félicitations pour la famille Zafrani à l’occasion de la fête du rosh hashana 5764, qui pointait à l’horizon. Le professeur se mit, sur le champ, à en lire attentivement le texte en affichant une grande satisfaction de maître, mais s’arrêta soudain pour me signaler courtoisement mais sérieusement qu’en Hébreu, son nom à lui s’écrit et doit s’écrire, «comme en Arabe», précisa-t-til, «avec la lettre ‘Ayin» en deuxième position, i.e. entre /z/ et /f/, comme dans le vocable pour ‘safran’ en Arabe Marocain, à savoir sous la forme זעפרני et non sous la forme זפרני, comme je l’ai fait sur la carte en translittérant l’orthographe latine de son nom. Il se leva alors aussitôt et m’apporta du blanc correcteur pour que je procédasse moi-même, auteur de la dédicace, au rajout de cette lettre magique et mystique qui, selon lui, fait l’authenticité de son nom. Ayant fait confidence à mon ami, Gabriel Ben Simhon de cette anecdote pas comme les autres via un échange électronique, celui-ci avança une interprétation d’artiste. Je traduis de l’Anglais :

 

"Votre anecdote relative au "ayin" du nom "Zafrani", qui manque en Français et dans les langues européennes, et que Haïm insista à ce qu’il fût restitué à son nom en Hébreu (en accord avec l’origine arabe), est très caractéristique et révélatrice en ce qui le concerne, lui, son identité, sa culture et ces sources spirituelles d’origine. J’ai peur de supposer que ce ‘ayin’ manquant est pour lui un signe  d’exil dans sa vie à Paris, parce que, alors qu’à Paris il était un fameux professeur de renom, au Maroc, il était un roi, en cela qu’il y disposait de son nom dans son intégralité et sa parfaite plénitude, ainsi que de ses langues maternelles naturelles. Le "Ayin" est, à la fois, "le royaume et l'exil" dans une seule lettre [de l’alphabet]».

 

          En fait, Haïm Zafrani avait un rapport particulier avec le Livre de la Création (‘Sefer Yetsira’ ספר יצירה ), fondement herméneutique (פרדס) de toute la mystique du ‘maaseh bereshit’  (מעשה בראשית) du Livre de Splendeur (le Zohar הזוהר) dont la légende judéo marocaine fait remonter la filiation non pas à Moshe Ben Shem-Tov de Leon d’Andalousie comme l’affirment les érudits, ni à Rabbi Shimon Bar Yoħai du Mont Méron de Safed en Galilée comme le prétend généreusement l’auteur authentique, Moshe Ben Leon pour des raisons socioculturelles, mais plutôt à une révélation miraculeuse faite sur le mont Todgha dans le Haut Atlas oriental du Maroc.

 

          En fait, le livre (Sefer Yetsira), si cher à feu Zafrani qui lui consacra une édition de prestige, illustrée par un peintre de talent et dont un bel exemplaire, royalement installé sur un chevalet, a toujours illuminé un coin de son salon, dit notamment ceci à propos de la lettre ‘ayin’:

 

«L’Eternel fait de la lettre Ayin un Roi, associe le Roi à une couronne, ajuste celle-ci à celui-là et fait de tout  cela le Capricorne de l’Univers … ».

 

          Donc, si feu Zafrani insista à ce que je lui restituasse sa lettre royale ‘Ayin’ dans la version Hébraïque de son nom, ce serait, à mon sens, à cause de la symbolique des deux interprétations herméneutiques complémentaires précédentes (celle G. Ben Simhon et celle du Sefer Yetsira), greffées toutes les deux sur la symbolique qui sous-tend la magnifique chanson de cet originaire de la vallée légendaire du Todgha précisément, le pionnier de la réhabilitation des airs maghrébins andalous et berbères parmi la diaspora juive marocaine, le compositeur chanteur musicien, Shlomo Bar,[iv] qui dit:

 

«Chez nous, au village  de Todgha, [dans  les montagnes de l’Atlas]; Lorsqu’un gamin atteint l’âge de cinq ans ; On lui écrit toutes les lettres [de la Création] sur  un pain de miel ; Et on lui dit : lèche, lèche, mon chouchou ! »[v] 

 

          Je procédai donc soigneusement et solennellement à la correction courtoisement exigée par ce grand savant, d’âge respectable mais qui eut certainement, lui aussi un jour, son propre âge tendre de cinq ans pour lequel les ancêtres ont établi comme tradition de faire lécher aux gamins les Lettres de la Création sur un fond de pain de miel. Je fis donc cela dans un mode soigneux, en reconnaissance et par respect de ma part pour l’estime particulière dont Pr. Zafrani honore ma calligraphie hébraïque, chose qu’il a bien tenu, un jour, à souligner, bleu sur blanc, dans sa réponse à une lettre que je lui avais écrite en 1988 au sujet d’une coquille d’impression dans son livre de grammaire de l’Hébreu, avec David Cohen (PUF 1969), relative à la numérotation exacte du verset de l’Ancien Testament «Et si vous observez, de fait, mes commandements, que je vous ai faits (…), je donnerai à votre terre de la pluie en sa saison »[vi] cité comme exemple de l’usage de la conjonction ‘waw conversif’.

Feu Zafrani prit ensuite lui même le soin de souffler soigneusement sur ladite carte pour sécher le liquide correcteur; et ce n’est qu’après que toutes ces choses ont été bien faites, que nous avons enfin eu droit à prêter attention à la théière argentée de thé marocain à la menthe, que Mme Célia Zfrani avait bien voulu nous préparer et servir.

 

          Maître  Zafrani  m’a parlé par la suite de ses (dernières) publications, tout ce qu’ils considèrent, lui et sa femme, comme véritable richesse ou ‘rekhosh’ (רכוש). Je leur ai montré, de fil en aiguille à l’occasion de notre conversation, le magnifique album de photos d’Elias Harrus ‘belev haree ha’atlas’ (בלב הרי האטלס  "Au cœur des montagnes de l’Atlas"), témoignage vivant de l’ancienne présence juive en Atlas, dans le Sous et aux confins du Sahara, qu’un cher collègue à moi venait de m’offrir au terme d’une visite au Musée de l’Art et de l’Histoire du Judaïsme de la rue du Temple à Paris, et qui m’a fait la belle double surprise d’être préfacé par mon ami, Gabriel Ben Simhon lui-même comme par hasard, et de renfermer parmi ses trésors un souvenir de mon enfance : une belle photo d’une école de l’AIU, une école que seul un enclos d’oliviers et d’orangers séparait de mon école primaire à Ouled Berrhil à  45 km à l’est de Taroudant et à 5km du mausolée de ce berbère béni d’Imntagn du Haut Atlas, Rabbi David Ben Barukh inhumé curieusement dans la contrée alors déserte d’Aghzou N-Bahmmou de Tinzert, où l’on avait l’habitude, de notre enfance, de partager avec les pèlerins juifs qui affluaient de tout le Maroc et d’outre mère, la joie mais aussi la bonne conjoncture socio-économique de notre environnement villageois, que provoque la fête de la Hiloula à chaque mois de décembre.

 

          Avant que je ne prenne congé de la famille, Mme Zafrani nous prit, Prof. Zafrani et moi-même, deux belles photos autour du plateau argenté de thé marocain. Je ne savais pas que c’étaient là des photos d’adieu, après vingt ans de rapports intenses et de courrier régulier dont je garde jalousement les traces. Je ne savais pas qu’en demandant à Mme Zafrani d’accomplir ce geste pour moi, je mimais en fait les gestes d’Elias Harrus, à l’échelle  de la personne qui représente la conscience profonde et vivante de la communauté dont cet artiste photographe avait déjà immortalisé dans son album, les derniers moments de l’histoire d’une présence physique bimillénaire où l’esprit de Zafrani s’érige maintenant en phare. Je ne savais pas que Haïm Zafrani, esprit versé dans les béatitudes de la mystique et dans les splendeurs des significations kabbalistiques du monde du Sefer Yetsira, dont une édition de prestige placée sur un chevalet orne toujours son salon, allait fêter autrement, et à partir d’autres dimensions et d’autres sefirots ontologiques, cosmologiques et cosmogoniques, la prochaine haggadah shel pesah, curieusement choisie pour lui par le destin comme moment de tirer glorieusement révérence et rendre l’âme, lui qui, comme par hasard, avait mis à jour le seul texte berbère connu jusqu’ici, qui soit noté en caractères hébraïques de la Création, à savoir précisément le texte de la haggadah shel pesah, en berbère, qu’il publia conjointement avec Paulette Galand Pernet.

 

Avec le départ glorieux de Haïm Zafrani, flambeau de la conscience séfarade en Occident Musulman, juste cinq ou six mois après le départ de feu Shlomo Elbaz et cinq an après le départ aussi glorieux de leur ami et collègue, feu Shlomo Morag en l’été 1999 juste un an après son inauguration du 6e Congrès de l’Association Européenne des Etudes Juives, tenu en 1998 sur le thème de "The Jewish Studies at the Turn of the Twenthieth Century" à Saint Pedro Martez au sommet de la symbolique ville ancestrale de Tolède où j’eus personnellement l’honneur de l’approcher de près sur le plan des relations humaines, une autre belle page de la conscience séfarade est tournée, mais l’histoire continue d’écrire ses pages magnifiques, et la pensée de Zafrani  y est certainement pour beaucoup, comme l’a bien exprimé le passage de Ben Simhon par lequel le présent hommage a commencé.

                                                          

                       

           

Mohamed Elmedlaoui

Institut Royal de la Culture Amazighe Rabat ; avril 2004                                                                                                                                                 

 



[i] Une version journalistique allégée de ce témoignage fut publié par les quotidiens marocains : Bayan Al-Yaoum (avril 2004) et Aujourd’hui Le Maroc (23 avril 2004)

 

[ii] Ben Simhon, Gabriel (1997)

בן שמחון, גבריאל (1997) המהלכים על המיים ("Les marcheurs sur l'eau") הוצאת הקבוץ המאוחד 1997 / יודעות אחרונות / דפרי חמד

Ben Simhon, Gariel (202)

בן שמחון, גבריאל (2002) הולכת עם כמון, חוזרת עם זעתר. ספורי אהבה מרוקאים ("Celle qui s’en va avec du cumin et revient avec du thym" Recueil de nouvelles ). הוצאת הקבוץ המאוחד 2002 .

 

[iii] Serfaty, Nicole & Joseph Tedghi (éds. 2004) Présence juive au Maghreb. Hommage à Haïm Zafrani. Editions Bouchène.

 

[iv]  Voir Shlomo Elbaz  (2003) "Les Maghrébins en Israël : identité, culture et intégration".

 

[v]     אצלנו בכפר תודרה, כשהילד יגיע לגיל חמש, היו כותבים על לוח דבש את כל האותית ואומרים "חביבי" לקק

 

[vi]       והיה אם שמוע תשמעו את מצוותי אשר אנוכי מצוה אתכם ונתתי מטר ארצכם בעתו

                                            



16/12/2007
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