SOS-ENSEIGNEMENT AU MAROC (Un SOS non entendu)
SOS-ENSEIGNEMENT AU MAROC
(Un SOS non entendu)
Mohamed Elmedlaoui
Institut Universitaire de
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Prologue d'un SOS-Enseignement au Maroc
Il y a un peu plus d'un an, et suite à une série de discussions avec des membres de la société civile appartenant à différentes associations dont notamment, l'association Appel Citoyen, je pris l'initiative de rédiger (en deux version : arabe et française) le texte d'un appel intitulé 'SOS-Enseignement' et de le soumettre à l'approbation par signature d'un comité pilote afin de le lancer par la suite sur le net à la disposition du public pour signature.
J'avoue maintenant que l'initiative fut tombée dans l'eau. Et pour cause : une façon originale que l'expérience marocaine en matière de l'exercice de la politique moderne a mise au point, comme règle pour bien mener une campagne électorale à terme ou avant terme. Cette règle admise par tout le monde est de faire triompher la nouvelle langue de bois en veillant à ne se prononcer ouvertement et explicitement sur rien, surtout les grandes questions. L'un des résultats formels immédiat de surface de cette nouvelle éthique, tous le monde l'a vu au mois de septembre 2007; il s'appelle 63 % d'abstention dans les législatives et je ne sais pas combien de bulletins nuls parmi les 37% exprimés.
Avant de donner le texte de l'appel SOS-Enseignement, que je mets ici en affichage gratuit à l'intention de qui cela concerne, je donne, dans les deux paragraphes qui suivent, un spécimen des échanges que j'ai eus entre novembre 2006 et mai 2007 en tentant de réunir un groupe pilote de signataires. L'échange illustre comment une compagne électorale se prépare au Maroc d'aujourd'hui, car il s'agit d'un échange avec un intellectuel qui est en même un responsable politique ayant une fonction relative à la gestion de l'enseignement. L'échange date de la mi-mai 2007, i.e. à trois mois de la campagne électorale officielle des législatives du 7 septembre 2007.
Les deux paragraphes de l'échange
Mon message :
Le 14/05/07, Elmedlaoui Mohamed <elmedlaoui@yahoo.fr > a écrit :
Cher collègues,
Cela m'a fait plaisir de vous avoir entendu ce matin. C'était instructif et enrichissant. Nous sommes d'accord sur une chose: la nécessité pour l'élite de se renouveler notamment en repensant et en redéfinissant ses attitudes, ses rôles et les modes de son action. Sans cela c'est l'impasse. Je profite de cette prise de contact pour vous mettre deux textes en un rapport très étroit avec certaines idées qui ont été évoquées ce matin, l'un portant sur la 'Pensée Démocratique' et l'autre, sur l'attitude de la société civile et politique vis-à-vis la question de l'Ecole et de l'enseignement en général.
La réaction du collègue :
Cher ami,
J'ai ouvert mon mail et j'ai lu avec plaisir ton courrier fort pertinent; je t'en remercie.
L'idée de l'Appel (SOS Enseignement) est très importante, car elle soulève une question réelle et d'actualité quant à ses multiples méfaits sur la réforme de l'enseignement.
C'est dommage que je ne l'ai pas reçu à temps. Au mois de Novembre, il m'était politiquement possible de voire, avec toi et avec d'autres, comment se mobiliser pour le faire signer par un nombre importants de collègues influents. Aujourd'hui, par contre, nous somme à la veille des élections et toute démarche pour réactiver l'action sera mal interprétée et pourrait nuire à sa noble mission. Mais l'idée reste d'actualité et le restera après les élections. Je te propose de la soumettre au débat au début de la rentrée scolaire prochaine et je te réaffirme ma pleine adhésion à une telle démarche.
Bien à toi, amicalement
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SOS-ENSEIGNEMENT AU MAROC
(Projet du mois de novembre 2006)
ü Nous, signataires de cet appel, enseignantes et enseignants, parents d'élèves, étudiantes et étudiants, universitaires, intellectuelles et intellectuels, syndicalistes, hommes et femmes politiques, administrateurs et administratrices, citoyens et citoyennes en général, étant conscient(e)s du rôle central de l'institution éducative et d'enseignement ainsi que des fonctions de cette institution en matière de formation, de recherche scientifique et de construction et consolidation de la personnalité citoyenne ainsi qu'en matière de développement des différentes institutions sociales, économiques et politiques;
ü Vu tout ce qui a fini par caractériser le secteur de l'enseignement – du primaire au supérieur – comme aspects de dérive d'éduction (clientélisme à tous les niveaux, laisser-aller généralisé, surnombre exessif dans les classes et les amphis, sous-encadrement catastrophique surtout apres les départs volentaires, manque et/ou détérioration des locaux, disparition des sources de motivation professionnelle pour l'enseignant, et pédagogique pour l'apprenant, fonctionnaires fantômes, absentéisme, fourberie professionnelle, fraude pédagogique ouverte et systématisée à tous les niveaux, grèves chroniques à caractère politisé ou de compétition entre catégories groupusculaires, occupation d'espaces publics et grèves de la faim, primauté des revendications matérielles sur les soucis pédagogiques et scientifiques, commerce de 'cours particuliers' et ou de polycopies, travail 'au noir' dans le secteur privé, indiscipline à l'intérieur de l'espace éducatif qui débouche parfois dans de la violence et de l'agression contre le corps enseignant et administratif, détérioration morale continue de l'atmosphère générale de l'espace éducatif, etc.);
ü Vu que la question de l'éducation et de la formation est une de ces questions d'ordre national, qui ne concernent pas uniquement l'Etat et l'administration, et que les problèmes de l'état actuel du secteur en question commencent, depuis un certain temps, à présenter des aspects d'ordre culturel, éthique et déontologique relevant d'une sorte de perturbation des systèmes de valeurs, et interpellent, par conséquent, la responsabilité de la société civile à travers ses média et modes d'expression, ainsi que la responsabilité des instances politiques et syndicales à travers leurs appareils organisationnels, en plus des responsabilités gestionnaires des autorités administratives de tutelle, dont la gestion administrative ne suffit plus à elle seule, en tout cas, pour pallier aux problèmes vu leurs différents aspects socioculturels et moraux;
ü Et, comptant en premier lieu, pour le présent appel, sur ce dont regorge le secteur de l'enseignement, à tous les niveaux, comme éléments compétents et de bonne volonté que n'enchante pas du tout la détérioration matérielle et morale dont nous venons d'énumérer certains aspects et face à laquelle tout le monde semble se sentir désarmé,
ü Nous lançons cet appel à toutes les forces vives et à toutes les parties mues par un esprit citoyen désintéressé qui s'élève par delà tout intérêt matériel immédiat de catégorie et par delà tout calcul étroit,
· Afin que tout le monde abandonne tout comportement démissionnaire en ce sujet, reprenne l'initiative citoyenne et sorte de l'état d'attentisme qui consiste à parier sur la simple action de l'administration, quelle qu'en soit la pertinence et la nécessité d'ailleurs,
· Afin que tout le monde, chacun à partir de sa position, avec ses moyens adéquats et par tous les moyens légaux civils et civilisés d'interventions d'intervention, se ressaisisse et se dresse contre toutes les initiatives et comportements individuels ou collectifs qui sapent les institutions de la nation, dilapident ses potentialités et lui font perdre les chances de décollage socio-économique et politique par le troc des intérêts vitaux de cette nation contre le mirage de gains matériels ou politiques immédiats et étroits,
· Et afin que tout le monde se redresse pour mettre fin au cycle des mesures et d'attitudes de complaisance qui courtisent les intérêts des catégories groupusculaires et clientélistes dans le secteur, mesures et attitudes qui, de quelle partie qu'elles viennent, encouragent davantage et à l'infini la surenchère compétitive groupusculaire d'une façon qui discrédite et sape, en fin de compte, les fondements de toute action syndicale, sociale et éducative constructive, et ouvre la voie de l'inconnu devant l'école et l'université nationales.
· Tout cela afin de rétablir un climat de sérénité pédagogique et professionnelle dans le secteur de l'enseignement de manière à libérer toutes les compétences et bonnes volontés dont regorge ce secteur, de la situation de prise en otage socioprofessionnelle où les met l'engrenage malsain actuel, afin que ces compétences puissent, enfin, libérer toutes leurs énergies et leurs créativités avec enthousiasme et amour du métier dans un espace où coopèreront tous les partenaires éducatifs, sociaux et administratifs, locaux et centraux, dans le cadre d'une nouvelle redistribution des charges, prérogatives et des responsabilités,
· Et afin de préparer le chemin, en fin de compte, pour plancher, d'une manière sérieuse, institutionnelle, consensuelle et loin de toute surenchère ou favoritisme, sur le dossier de la promotion des situations matérielles et morales des véritables parties lésées parmi tous les intervenants et impliqués dans le système éducatif, de façon à encourager les éléments sérieux, compétents et productifs à promouvoir la valeur ajoutée de la fonction d'enseignement en fin de compte via une révision sérieuse et pondérée des programmes, des curricula et des charges morales et matérielles des différentes parties (y compris les parents et les communes) à la lumière des textes fondateurs en vigueur avec tous les amendements qui s'imposent et afin de rétablir l'atmosphère d'estime, de respect, de sérieux et d'enthousiasme dans l'espace des établissements d'enseignement depuis le primaire jusqu'au supérieur, afin que cet espace retrouve sa capacité d'assurer une éducation de qualité, base de tout développement d'un élément humain conscient, qualifié et actif, et de la promotion de la recherche scientifique fondamentale et appliquée, qui sont les conditions de la maîtrise de l'environnement naturel et social et d'une intégration réussie dans le concert des nations.
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