Publication récente: La Comédie Berbère (Elmedlaoui, déc. 2008)
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Sortie d'un ouvrage en poésie berbère (Tashlhiyt):
Timssdsit [1]
(Comédie berbère)
Par
Mohamed Elmedlaoui; décembre 2008
L'auteur
L'auteur n'est pas poète, ni par enclin ni surtout pas de métier. Mais il est devenu un versificateur d'occasion par la force "du boulot", et pour cause: le travail d'une dizaine d'années sur la métrique d'une belle langue dont la cause est de jour en jour pervertie et dévoyée (…). Il s'agit donc de quelqu'un qui peut fabriquer une pièce en vers sur commande et avec une garantie certifiée de justesse métrique, tel un ébéniste professionnel qui, l'outil à la main, maîtrise la coupe du bois, la taille des pièces et l'emboîtement parfait des parties de l'ouvrage les unes dans les autres. Pourtant, le présent ouvrage en verbe lui a été commandé en août 2006 par la grande mécène marocaine, Madame de Conjoncture, pour servir de manifeste contre la langue de bois précisément. (Sur cette métrique, voir: https://orbinah.blog4ever.com/blog/lirarticle-162080-1071485.html )
Extrait de l'Avant-propos
L'ouvrage (contenu, forme et notation)
Il s'agit d'une expérience consignée en vers. Au terme d'un quart de siècle de travail académique sur la langue berbère en tant qu'objet linguistique et d'une dizaine d'années de travail sur la langue et la culture berbères en tant que questions socioculturelles nationales, la voix est donnée cette fois-ci par l'auteur au subjectivisme pour consigner le vécu de cette double expérience dans un langage expressif par delà le rationnel.
Le long des 152 pages qui constituent l'ouvrage, un seul thème abordé tout en vers transcrits en graphie latine, sur un seul mètre, le mètre chleuh dit ddrst, et articulé en treize sous-titres, donnés pour servir de "soupirs de vocalise" au lecteur.
Pour ce qui est de la notation, les conventions orthographiques sont celles d'Elmedlaoui 1999 (Principes d'orthographe berbère en graphie arabe ou latine), largement adoptées depuis 2003 par l'IRCAM, où l'auteur exerçait en tant que chercheur au Centre de l'Aménagement Linguistique. Toutes les marques diacritiques nécessaires sont pleinement notées (emphase, labialisation, etc.). Là où la justesse du mètre exige une contraction ou une assimilation, la prononciation phonétique est donnée sous la suite en question.
En ce qui concerne les questions de chapelle ou d'école, l'auteur ne s'est guère soucié du genre littéraire qui pourrait donner une légitimité scolastique au texte de l'ouvrage: un texte en vers qui oscille entre le cérébral et l'expressif et où certains vers sont annotés par l'auteur lui-même !
Sur le plan du registre linguistique, les éléments du lexique, de la syntaxe, des catégories conceptuelles, rhétoriques et stylistiques, qui véhiculent le sens du texte ont tous été sciemment puisés d'un "fond de jarre" (alliγ n-xibit) de la langue Tashlhiyt, assez ronce - pour ainsi dire. Rien n'y est aussi banni que ces distorsions épileptiques par lesquelles certains esprits coincés cherchent à tout prix à épurer la langue de sa "récolte historique" et de son "butin" en emprunts assimilés, grâce à quoi elle a pu digérer les vicissitudes de l'histoire et se maintenir en vie, contrairement à la politique d'asphyxie actuelle que le pathos populiste a réussi à ériger en ethos.
Pour la forme, il y a certes un côté ludique derrière ce cocktail linguistique qui caractérise le texte, ainsi que derrière ces jeux de concordances transculturelles d'idées qui l'émaillent à travers des notes multilingues de bas de pages (un autre aspect iconoclaste); mais c'est là également une chose significative voulue en tant que témoignage d'un fait culturel riche et diversifié qui n'est pas nouveau, mais que des voix totalitaires de tout bord cherchent à niveler et à aplatir dans un sens ou dans un autre. En plus de certaines intertextualités multilingues ponctuelles (en arabe, en français ou en hébreux) dans le texte poétique principal, il n'y a pas moins de 133 notes de bas de pages en plusieurs langues (berbère, arabe, hébreu, français, anglais, selon le cas) à travers lesquelles le texte principal tisse des dialogues dans plusieurs sens avec les Ecritures (Coran, Bible, Evangiles), la poésie arabe (Zuhair, Abu Tammam, Al-mutanabbi, Bechar, etc), la poésie berbère (Amntag, Azâriy, Ben Ihya Utznakht, Tabaâmrant, etc.), la pensée occidentale (St. Augustin, Shakespeare, Nietzsche, Schopenhauer, etc.) et autres. En épilogue, le dernier sous titre "ufuγ" systématise ce dialogue en un style dit 'matruz' où alternent vers berbère et vers en malћun marocain sur le même mètre berbère, ddrst. Le voici reproduit ici et doublé d'une notation en graphie arabe pour le cas où les segments à diacritiques ne s'affichent pas correctement dans la notation latine.
ufuγ
kmmlna lqaṣida b-ṣṣḷa u-sslam εlik
a walli f-d ẓẓuḷḷan itran n-wabadan.
ya qaṛi ħṛufi, zid u-fhm-ni, ḷḷa ihdi-k :
imurig d-umlħun, nsγl-tn, yan f-yan.
hak ṣnayε lmṭṛuẓ lmqffi bin idi-k
a walli igan amassan, gn daγ afnnan.
xud ssrr, w-lħkma, w-lžfaṛ, lli tγni-k,
tawit-nn tifiras n-ṣṣaħt da iṣħan.
u-ṣḷḷi εla mulana lhadi b-ttbrik
Amdlaw Muħmmad a nga, sll, a kiwan.
mdlawa u-sus u-lmnabha, gnnit εlik
iħṛfaš d-igudar a-g nṛẓm tiṭṭ nban
daba taž ṭawus ka izyynu εzz lmγrib
ikkattnn yan uzmz imγil aγ-aγ-d gan
ßãÜøÜáäÇ áÞÇÕíÏÇ ÈÕøÜáÇ æÓøÜáÇã Úáíß
Ç-æÇáÜøí Ý-Ï ŽøæáÇøä íÊÑÇä ä-æÇÈÜÇÏÇä
íÇ ÞÇÑí ÍÑæÝí ÒíÏ æÝåãäí ááÇø íåÏíß
íãæÑíßóÜ Ï-áãáÍæä äÓÛáÊä íÇä Ý-íÇä
åÇß ÕäÇíÚ áãØÑæÒ áãÞÜÝÜÜøí Èíä íÏíß
Ç-æÇáÜøí íßóÜÇä ÇãÇÓøÜÇä ßóÜä ÏÇÛ ÇÝÜäÜøÜÇä
ÎæÏ ÓøÜÜÑø æáÍßãÇ æáÌÝÇÑ ááÜøí ÊÛäíß
ÊÇæíÊÜäø ÊíÝíÜÑÇÓ ä-ÕøÜÇÍÊ ÏÇ íÕÍÇä
æÕáÜøí Úáì ãæáÇäÇ áåÇÏí ÈÇáÊÈÑíß
ÇãÜÏáÇæ ãæÍÜãÜøÇÏ Ç-äÜßóÜǺ ÓÜáø Ç-ßíÜÜÜæÇä
ãÏáÇæÇ æÓæÓ æáãäÇÈåÇ ÛäÜøíÊ Úáíß
íÍÑÝÇÔ Ï-íßóÜæÏÇÑ Ç-Û äڔŽã ÊíØÜø äÈÇä
ÏÇÈÇ ÊÇÌ ØÇæÓ ßÇ-íÒíÜøäæ ÚÒø áãÛÑíÈ
íßÜøÇ-ÊÜøÜäø íÇä æÒãÒ íãÛíá ÇÛ-ÇÛÏ ßóÜÇä
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