(En français) Présentation d'un ouvrage-2024 en arabe sur la littérature hébraïque avec 10 nouvelles traduites de l'hébreu
INTRODUCTION A LA LITTERATURE HEBRAÏQUE
AVEC DIX OUVELLES TRADUITES DE L’HEBREU EN ARABE
Par
Mohamed Elmedlaoui Elmenabhi
Dar Attaouhidi éd. Rabat
(à sortir début mai 2024)
Couverture du livre
https://static.blog4ever.com/2006/04/162080/COUVERTURE-MOHAMED-MEDLAOUI-2--5-.png
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Table de matières
- Cet ouvrage
- Préface par Pr. Abdessamad Mounieddine
- Aperçu sur la littérature et la pensée judéo-hébraïques
- Une introduction concentrée à la création narrative hébraïque moderne
- L’anthologie des nouvelles hébraïques traduites en arabe:
(1) Le couteua (Shalom Aleichem)
(2) La vengeance (Moshé Smilanski)
(3) Le dard du Levant (Nahum Gutman)
(4) Pluie d’aumône (Aharon Megged)
(5) Exploit hors norme (Aharon Megged)
(6) Yad Vashem (Aharon Megged)
(7) La femme qui déploya ses ailes (Gabriel Bensimhon)
(8) L’ascension de Tuda au ciel (Gabriel Bensimhon)
(9) L’homme qui revient (Gabriel Bensimhon)
(10) L’hôtel (Gabriel Bensimhon)
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Cet ouvrage
Cet ouvrage (276 pages) comprend deux parties qui se complètent. La première contextualise la seconde, et celle-ci constitue un spécimen illustratif pour la première.
La première partie consiste en un bref aperçu général concentré et bien documenté avec renvois bibliographiques sur l’histoire et l’évolution de la littérature et la pensée hébraïques ; et le second, des traductions en arabe de dix nouvelles hébraïques des temps modernes. D’après la chronologie de leurs publications respectives, ces nouvelles s’échelonnent, dans l’ordre, sur environ un siècle (fin du 19e s. – début du 21e s.).
Par-là, leurs traductions en arabe dans l’ordre est de nature à permettre au lecteur arabophone de suivre l’évolution des thèmes et valeurs socioculturelles et sociopolitiques qui, à travers les péripéties de toute cette période, ont animé les communautés juives aussi bien en diaspora qu’au sein de la société israélienne après la création de l’Etat Hébreu.
Pas moins de 104 notes de bas-de-page ont été faites dans l’ouvrage de 276 pages afin de permettre au lectorat arabophone parmi les non-initiés à la pensée judéo-hébraïque et aux péripéties qui lui sont associées de ne pas rester en surface du récit littéraire et de bien saisir au contraire en profondeur l’essence du récit. Ce but est rendu accessible du fait que les notes donnent des définitions et des indications sur des noms propres de personnages de lieux ou d’institutions ainsi que sur certains concepts ou entités, propres à l’histoire, à la pensée et à la culture juive parmi ce qu’évoquent le récit et les texte narratifs sous forme de symboles d’allusions et d’expressivité.
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Préface
Pr. Abdessamad Mouhieddine
Que les chercheurs et autres critiques littéraires marocains tournent le dos à l’immense littérature russe – à la notable exception des regrettés Mohamed El Fassi et Jamaleddine Dkhissi ainsi que certaines traductions d’Ibrahim Elkhatib – ou encore au vaste patrimoine créatif chinois – Nasser Bouchiba étant l’exception qui confirme la règle -, on peut leur trouver des circonstances atténuantes se rapportant à l’éloignement géographique ou à la quasi-absence de proximité civilisationnelle. Mais que la littérature judaïque, surtout sépharade, soit longtemps boudée par les chercheurs marocains, maghrébins et arabes à ce point, cela s’apparente, notamment pour la recherche marocaine, à une espèce de négation de soi, en ce sens que l’affluent judaïque, qui a tant enrichi la culture d’extraction andalou-maghrébine, constitue une part consubstantielle de l’identité marocaine, voire nord-africaine.
Le conflit israélo-palestinien n’y est certes pas étranger, mais les dérives national-arabistes et l’exclusionnisme islamo-rigoriste non plus. Il aura fallu attendre une flopée de décennies avant de voir émerger quelques timides départements universitaires voués à la langue et à la littérature hébraïques au sein de quelques rares universités au sein de la sphère arabe.
Le florilège de nouvelles que nous offre ici le Pr Mohamed Elmedlaoui participe de la réparation de cette carence endémique. Comment affronter le présumé "ennemi juré" qu’est l’Etat d’Israël ou a fortiori conclure quelque paix que ce soit avec lui sans connaître au plus près la pluralité de son être tant ashkénaze, notamment slavo-yiddish, que sépharade, les multiples dimensions ethnoculturelles de son étant, et a minima sa langue et sa littérature ?
Ce florilège campe un bon siècle de production littéraire à travers le genre hautement expressif au chapitre socio-historique qu’est la nouvelle. Ce travail anthologique a, au moins, quatre vertus essentielles.
La première d’entre elles consiste à explorer les tourments d’une âme condamnée depuis trois mille ans à un confinement psychosocial chronique dans les équipées entre Cham, Egypte, Mésopotamie, puis dans les ghettos d’Europe ou les mellahs d’Afrique du Nord. Ces nouvelles consignent les états d’âme du Juif, qu’il soit « errant » sous les Tanzimat décrétés par la Sublime porte en Palestine, avant et lors des vagues d’Aliyah nord-africaines des décennies 60 et 70 du siècle dernier ou à la faveur de l’enracinement au sein du proto-Etat de coloration kibboutzienne qu’ét
ait le génésiaque Israël. Nous pouvons ainsi ouvrir notre entendement sur les comportements, les attitudes, les postures, les réflexes et les différents momentum anthropologiques que reflètent ces nouvelles. Il y a de tout cela dans ce recueil.
Il en est ainsi de la première nouvelle de l’anthologie intitulée "Le couteau" (האולר) de Shalom Aleikhem, nom de plume de Cholem Naoumovitch Rabinovitch (1859-1916), où l’on se régale à satiété de la mise en musique de deux des Dix Commandements que sont «Tu ne tueras point» et «Tu ne voleras point». C’est dire l’empreinte quasi-ésotérique du patrimoine talmudique sur la littérature jusqu’au crépuscule du XIXème siècle. Ou encore la nouvelle "Exploit extraordinaire" (מעשה בלתי רגיל) d’Aharon Megged (1920-2016), qui est d’une facture mi-impressionniste, mi-existentielle où l’ennui matrimonial se métamorphose en une espèce de regret-repentance. Une photographie d’une société à l’état préurbain où le désenclavement socio-spatial génère les soucis propres à la modernité.
La deuxième vertu de ce recueil de nouvelles, si soigneusement traduites et généreusement offertes au lecteur arabophone, est précisément le choix fait par le Pr Elmedlaoui quant à la galerie des auteurs. Il y a là une pléiade d’écrivains campant des problématiques allant du rapport à la doxa de connotation messianique aux tourments mémoriels, comme consigné par la nouvelle "Yad Vashem" (יד-ושם), en passant par les récits nostalgiques ou encore le background ethnographique, voire de substratum orientaliste.
La troisième vertu de cette compilation revient à la haute qualité de la traduction réalisée par le Pr Mohamed Elmedlaoui. Quand bien même serait-il profane en matière de littérature judaïque, le lecteur se rend compte, dès les premières pages du livre, du souci de l’auteur d’associer la précision sémantique à la fluidité stylistique. Au point qu’on dirait ces nouvelles de sa propre production, tant le fameux adage de "l’aisé inaccessible" (السهل الممتنع) y est accompli avec maestria.
La quatrième vertu se situe au niveau méthodologique où le traducteur a synthétisé chronologiquement l’histoire des différentes étapes franchies par la littérature juive. On est ainsi succinctement édifié sur les ères: talmudo-haggadiques, Moyenâgeuse, des Lumières (Haskalah) et enfin celle de la "résurrection" (תקופת התחיה). Il y a là une synthèse éminemment utile aux profanes de la chose littéraire judaïque, puisqu’elle permet en quelques pages de camper la richesse de ce long parcours de la création en la matière.
Outre ces quatre vertus, et comme une cerise sur le gâteau, le Pr Elmedlaoui nous gratifie d’une riche panoplie de renvois bibliographiques et de clés permettant de mieux contextualiser autant la genèse que l’exégèse des textes traduits. Ces notes, dont le nombre dépasse la centaine, constituent en elles-mêmes une source d’appréhension non seulement de cette espèce de « mandala » labyrinthique du vaste patrimoine historico-religieux judaïque, mais également des différents courants littéraires qui traversent les nouvelles proposées.
A travers le foisonnement des notes qui jalonnent chaque page du recueil et la sérieuse synthèse chronologique des différentes ères de la production littéraire hébraïque, on se rend compte de la vastitude des savoirs linguistique, historique et anthropologique du Pr Elmedlaoui en la matière. C’est probablement cette grande maîtrise de ces trois dimensions que l’auteur de «يوميات موحماد » qui est à l’origine de ce que j’ai qualifié ci-dessus comme étant de l’ordre de "l’aisé inaccessible" (السهل الممتنع).
En tout cas, la louable initiative de fédérer cette fournée de nouvelles, si "équilatéralement" représentatives de la littérature hébraïque, constitue en soi un enrichissement de l’affluent judaïque, lui-même constitutif de l’identité plurielle non seulement marocaine, mais également andalou-maghrébine.
Abdessamad Mouhieddine
Paris. 31 mars 2024
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Mohamed Elmedlaoui
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