OrBinah

(En français) De l'action du roi Mohamed Ben Salman d'Arabie Saoudite

De l’action du roi Pierre le Grand

à celle du roi Mohamed Ben Salman

 

 

 


1-  J’ai cru qu’il s’agit d’une action analogue à celle d’un autre Pierre le Grand, qui, un siècle avant la génération de Leo Tolstoy, renonça un jour à l’exercice d’un pouvoir qu’il a conquis laborieusement, pour aller se ressourcer en Occident, y visiter des universités, des musées, des usines, et même d’y travailler manuellement dans des chantiers navals, avant de revenir retrouver son trône en Russie pour arracher son pays à ce qu’il appelait "BARBARIE ASIATIQUE" de l’époque.

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2- Avec les nouvelles mesures du roi d’Arabie MBS (Mohamed Ben Salman), j’ai cru d’abord qu’il s’agit d’une réforme sociétale, sous forme notamment d’un programme d’éducation en sciences et sciences sociales, à même de permettre aux esprits d’évoluer de l’intérieur. Or il paraît d’après le commencement que c’est un coup d’épée dans l’eau qui vient d’être opéré : purger le recueil d’un imam, qui resterait toujours Imam. Il s’agit de la purge annoncée du recueil de hadiths de Al-Bukhari des ‘faux hadiths’ afin de "montrer le vrai visage de l’Islam"; le faire à l’ère du numérique, où les différentes versions du recueil d’Al-Boukhari et des recueils analogues sont disponibles sur la toile et où chacun peut se servir, chaque version ne constituant qu’une lecture/interprétation possible, du moment où l’esprit collectif fonctionne encore selon le mode 'ruwiya' (رُوِيَ "il a été rapporté").

Une dépêche de l’annonce (en fr.):

https://www.medias24.com/MAROC/INTERNATIONAL/178575-L-Arabie-Saoudite-va-reviser-les-recueils-de-hadiths-et-Sahih-Al-Boukhari.html

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Voici pourquoi, la mesure ne serait qu’un coup d’épée dans l’eau pour satisfaire le politiquement correcte d’une conjoncture dans un interrègne:

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3-  En plus du vice objectif de fond, le mode ‘rowiya’, en tant mode de fonctionnement de l’esprit éthique, présente des vices techniques endogènes qui le rendent CIRCULAIRE ET VICIEUX comme source/méthode d’éthique et de législation. Les points suivants en donne une idée sommaire :

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4-  Comme source de législation dans tous les domaines, en 2ième position après le TEXTE CORANIQUE, un TEXTE DE HADITH est classé, sur une échelle d’évaluation de QUATRE DEGRES (Authentique > Bon > Faible > Factice) établie sur la base de considérations qui jugent du contenu du corpus du hadith et de la filière de ceux qui l’ont rapporté de A, B, jusqu’à Z, Z étant le Prophète lui même.

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5-  L’évaluation du contenu du corpus (‘al-matn’ المتن) est fonction d’INTERPRETATION: jusqu’à quel degré, le corpus est en accord (ou il n’est pas en désaccord) avec l’esprit et/ou la lettre de L’ENSEMBLE DES VERSETS CORANIQUES, qui constitue la 1ière source de législation (avec les problèmes propres à l’exégèse coranique : abrogation dite ‘naskh’  نسخ, ambiguïté dite ‘mutashaabih’ متشابه).

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6-  L’évaluation de la filière de rapportage (al-sanad  تحقيق السند) est d’ordre à la fois philologique, historique et biographique. Elle porte sur les indices sociolinguistiques, socioculturelles et socio-économiques dans le corpus, des époques de chacun des chaînons du rapportage du hadith en chaîne (A a dit que B a dit que C a dit ...). Elle porte aussi sur la religion, l’âge (adulte) et l’intégrité religieuse de chaque chaînon, ainsi que sur la réalité de contemporanéité  générationnelle de chaque deux chaînons consécutifs à l’âge adulte de façon à établir que la communication orale/auditive directe est possible (une question d’archive d’un Etat Civile sophistiqué).

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7-  Si l’on rajoute à tout cela le principe qui veut que «Quiconque a suivi un SAVANT ("un docte en religion de l’Islam") n’a pas dérogé à l’esprit de la religion", les différents classements des hadiths sur l’échelle mentionnée à quatre degrés, de la part des uns et des autres parmi les générations de savants, ouvrent encore la porte grand-ouverte à l’arbitraire : tout devient possible, selon les positions d’intérêts de conjoncture, y compris les intérêts de la conjoncture actuelle en 2017.

Dans ce cadre, le mode ‘ruwiya’ ("il a été rapporté") quel que soit ce qu’on veuille bien retenir de tout ce qui a été rapporté, ne saurait être qu’une AUTOREPRODUCTION  de LA LITTERATURE D’UNE CULTURE/MENTALITE dans le domaine de l’éthique et de la législation qui régissent une société.

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8-  La religion est un mode existentiel parmi d’autre de l’Homme, quelles que soit les formes extérieures ou intérieures sous lesquelles ce monde se manifeste. Et c’est un mode à propos duquel, il ne sert à rien sur le plan pratique et d’expérience historique, et ça n’a même pas de sens sur le plan philosophique, de porter un jugement positif ou négatif.

Mais le mode religieux évolue en tant que mode existentiel et les religions aussi en tant que cadres institutionnels collectif de vivre selon ce mode. Les grands changements de forme sur le plan d’une religion en tant qu’institution s’appellent ‘réformes’, et il n’y en a pas eu grand nombre dans l’histoire. Toute religion institutionnelle en était à l’origine une réforme d’une autre antérieure. Cela ne concerne en fait que la sphère religieuse elle-même dans son rapport avec la sphère profane qui l’oblige à se réactualiser pour continuer.

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9-  Voici la conclusion d’un texte d’une conférence que j’ai donnée le 24 juillet 2008 à l’Institut Simon Dubnow à Leipzig sous le tire "Man’s Ultimate Mission - History, State and Liberty of Conscience in Muslim and Jewish Experiences of Modernity" :

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«This paper depicts comparatively some features which characterize the respective attitudes of Jewish and Moslem thoughts with respect to such concepts as Man's missionKnowledgeHistoryState and Liberty of Conscience, in their relation to the respective Jewish and Arabian-Muslim experiences with modernity in its Universal dimension.

The main question would then be to question whether people’s attitude toward modernity is really a function of some specific settings of their overall religious thought, or if it is rather a matter of the level of experience, achievements and contributions a given community attains intellectually in the general field of universal knowledge, independently of the way God is worshiped or not by certain members or that community.

The conclusion arrived at is that, with respect to the concepts that stand nowadays as parameters of modernity and independently of the relevant specific provisions of the founding texts within the two religions, Judaism and Islam, the practical access to Modernity values is not a function of religion as a corpus of founding texts, nor is it a function of any kind of religious reform, institutional or hermeneutic.

Religion remains a particular mood of man’s spiritual effort to grasp Absolute, but ethical and practical access to modernity values, cannot come true through religious reforms for example. In addition to a collective awareness where free and willedeffort of the society’s elite is engaged in ethics and politics in their broad meanings both as reflection and action, along with a particular engagement in the educational polity, access to modernity is rather a function of the general intellectual acquisitions of knowledge that operates as the driving force of such access

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Un lien vers le texte de la conférence :

https://orbinah.blog4ever.com/in-english-the-experience-of-access-to-modernity-in-judaism-and-islam

 

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Mohamed Elmedlaoui

https://orbinah.blog4ever.com/m-elmedlaoui-publications-academiques



05/12/2017
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