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Le Prix Al-Farabi 2007 pour Zoubeida Idrissi, diva marocaine de la paix

Le Prix Al-Farabi-2007 pour Zoubeida Idrissi (*)

Diva marocaine de la tolérance et de la paix

 

Allocution de Mohamed Elmedlaoui (**)

Dans les édifices de toutes les civilisations dont l’histoire nous a légué des traces, la musique a toujours été un grand pilier. Elle a toujours constitué un enjeu majeur dans les sociétés : soit de par sa promotion dans un champ libre, soit par une codification rigide de ses formes et/ou de ses pratiques, voir même parfois, par une hostilité institutionnelle totale à son égard, et ce en fonction des vicissitudes intellectuelles des sociétés.

Une des dimensions essentielles de ce sous-édifice multidimensionnel qu’est la musique, est la voix humaine. C’est pourquoi la voix mise en mélodie a toujours été associée à la parole révélée et sacrée, et ce des hymnes monothéistes d’Akhnaton de l’Egypte antique aux psaumes de David, aux chants grégoriens et à la psalmodie coranique. Elle a également été associée à tous les mythes fondateurs des peuples anciens et modernes sous forme d’hymnes édifiants; pensons à la Marseillaise, à la Tikwa, à Bilaadii-Bilaadii, à Min Jibaalinaa, à Manbita Alahrraar, etc. Cette association entre autre, a fait que, aux dons naturels innés bruts de la voix, l’éduction institutionnelle a tenu, depuis la nuit des temps, à apporter une plus-value de culture et de raffinement acquis.

C’est sur la base d’une conscience de ces dimensions civiques et éducationnelles de la musique, et partant, de la voix cultivée et raffinée, ainsi que de leur rôle notamment dans l’adoucissement des mœurs et l’établissement des équilibres psychosociaux, que le Comite National de la Musique au Maroc a choisi aujourd’hui, comme lauréate de son trophée Al-Farabi, une de ces magnifiques voix qui égaient le Maroc, le Maghreb et tout leur champ de rayonnement. Une voix qui, de par le parcours de son perfectionnement, ainsi que par la variété des répertoires qu’elle a embrassés, renoue avec la vocation universaliste de cet espace maghrébin où l’unité s’est toujours conjuguée au pronom du pluriel, qu’il s’agisse de l’élément humain, de la langue,  de la religion ou des arts, dont la musique. Il s’agit, pour la nommer, de la magnifique voix mezzo-soprano de la cantatrice marocaine, Zoubeida Idrissi, ambassadrice de la tolérance et de la paix.

Zoubeida Idrissi a en fait embrassé le patrimoine musical universel des cultures du monde en interprétant, avec virtuosité et succès et grâce à une voix magnifique, qu’elle a tenu à  perfectionner, un riche répertoire de musiques antiques et de chants arabo-maghrébins, amazighes, judéo-maghrébins, grenade-andalous, espagnols, turcs, grecs, etc.

Avant de découvrir sa vocation et son faible pour les maqâm de la musique de sud de la méditerranée, notamment la musique maghrébine et maghreb-andalouse, ainsi que les  mouashah, c’est avec passion et virtuosité qu’elle a interprété des lieder de Brahms, de Schubert, de Schumann, de Mahler, de Debussy, et de Mozart, ainsi que des airs d’Opéra de Verdi, de Haendel, de Saint Saêns, de Bizet, au Maroc (Rabat, Casablanca, Fès, Festival de Tanger), en France, en Suisse et en Amérique.

Le palmarès de ses opus a intéressé des chercheurs, musicologues ou ethnomusicologues de différents horizons. Selon l’un d’eux, le musicologue Mahmoud Guettat, auteur notamment de La musique arabo-andalouse au Maghreb, «Zoubeida Idrissi possède une maîtrise exceptionnelle du chant, une remarquable culture musicale, une couleur particulière, voire un cachet original qui ne peuvent que contribuer à l’enrichissement du terroir artistique maghrébin ».

Zoubeida Idrissi possède un palmarès très varié. J’en site juste l’opus «Chants de traverses », non pas seulement pour sa force artistique en soi, mais aussi pour sa symbolique qui réside en cela qu’il brise certaines de ces frontières du mal et du malheur qu’érige la misère de l’ignorance entre les humains. Un véritable "hymne à  la joie" pour la paix, une passion et une émotion partagées entre Françoise Atlan, qui chante en arabe, en hébreu et en espagnol et Zoubeida Idrissi, qui ajoute a tout cela d’autres langues de communion par le chant dont l’amazighe notamment.

C’est donc pour couronner cette carrière artistique heureuse et fructueuse, que le Comité National de la Musique que préside le grand artiste Hassan Megri, membre du Conseil International de la Musique de l’UNESCO, en partenariat avec l’Association Bouregreg, octroie aujourd’hui (08 oct. 2007) à l’artiste Zoubeida Idrissi, le Prix Al Farabi – 2007 pour la musique antique.

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(*)  (Voir :  http://artist.ma/zoubeida_idrissi.html)

 (**) Mohamed Elmedlaoui (http://www.iurs.ac.ma/iurs/Elmedlaoui.htm, http://www.rezgar.com/m.asp?i=1854) est chercheur à l’Institut Universitaire de la Recherche Scientifique – Rabat. Il est directeur scientifique des rencontres annuelles "Musiques Amazighes et Musiques du Monde" qu’organise l’Association Timitar à Agadir

 



17/12/2007
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