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Bonne "Année du Fer" à tout le monde!

Bonne "Année du Fer "!

Sous le signe (3 ´ 1 = 1)

 

                                                        Mohamed Elmedlaoui            

 

 

Fin de la Logique, fin de l'Histoire

Il parait que la tautologie, fondement ultime sur lequel repose la cohérence et la conséquence des propositions dans la logique aristotélicienne,  est de plus en plus mise à mal et dépassée dans notre environnement, d'où l'équation (1 ´ 3 = 1) du  titre du présent texte.

En fait, concernant cette équation paradoxale, il m'est déjà arrivé en été 2001 de formuler la boutade suivante, au terme d'un texte sur l'histoire du plurilinguisme au Maghreb, publié en 2003 et réédité en 2006 ("Le Berbère et l'histoire du plurilinguisme au Maghreb; le cas du Maroc". Etudes et documents berbères  23. Pp 153-178).

 

Le texte de la boutade de 2001

A force de vouloir, à tout prix, défendre dogmatiquement l'équation unitariste paradoxale de "Trois fois Un, cela donne Un" (1 ´ 3 = 1), à savoir l'équation  qui veut que Un Parti unique + Une Langue unique +Une idéologie/Religion unique = Un Etat-Nation, l'Algérie s'est trouvée face non pas à une Trinité mystique à trois moments dialectiques à la chrétienne (Dieux, Fils et St. Esprit), mais plutôt à l'équation non moins paradoxale de (1 ´ 1 = 3) qui prend l'air d'une valse bancale à un seul temps cacophonique (1 ´ 1; i.e. Un Parti  = Un Etat) mais qui dégénère tragiquement, comme par malédiction, en une trilogie diabolique de trois Fronts (d'où 1 ´ 1 = 3 ) qui s'affrontent en temps réel dans une Cité métamorphosée en arène, à savoir - schématiquement et symboliquement parlant : un FLN (Front de Libération Nationale) arabiste, un FFS (Front des Forces Socialistes) berbériste et un FIS (Front Islamique du Salut) islamiste qui est le fils naturel de leur divorce.

C'est une trilogie de "con-Front-ation", que le préambule de la constitution algérienne de 1996 a essayé de convertir en une autre Trinité  cache-misère non avouée (Islam, Arabe et Berbère), mais dont les émanations politiques au quotidien viennent d'être rejetées en bloc finalement par les récents événements qui ont débuté en Kabylie (printemps 2001) pour gagner ensuite toute l'Algérie. Les bases de ces événements, qui ont déjà fait une centaine de morts, étaient au départ purement  identitaires; elles ont fini pourtant par acquérir des dimensions qui synthétisent le politique, le sociale et le moral, et que résume le mot de doléance intraduisible en Français, la hogra ("injustice + mépris + humiliation).

 

Aujourd'hui (début janvier 2009)

Aujourd'hui (début janvier 2009), les messages de vœux qui me parviennent de mes compatriotes surtout me laissent réaliser le degré d'ancrage de la manifestation d'une autre trilogie qui défie la logique aristotélicienne dans ce même espace de la Méditerranée, qui a connu pourtant le chrétien St. Augustin, le musulman Averroès et le juif Maimonide. On me présente des formules de vœux piochées des recoins de la Toile à l'occasion de trois échéances de référence, perçues et exprimées dans différents ordres dont notamment 1430 / 2009 / 2959, en référence au calendriers: musulman, grégorien et amazighe, respectivement.

Ce sont là trois années qu'on nous annonce, à propos desquelles on nous exprime des vœux glanés sur la Toile, et qui ne mettront pourtant qu'une seule années astronomique des Terriens pour s'écouler! Nous voici donc, encore une fois, en face de l'équation paradoxale (1x3 =1).

Décidément, les fondements de la logique commencent à bouger sérieusement dans les discours en Méditerranée occidentale. Dans son discours à l'occasion de l'avènement du nouvel an 2009, qui s'annonce dur pour les tenants des trinités de toute sorte, le président de la république cartésienne, Nicolas Sarkozy, promit aux Français, cartésiens et postcartésiens, à propos des ravages de la crise financière, rien de moins que de faire à l'avenir de sorte que "LES MEMES CAUSES NE PRODUISENT PAS LES MEMES EFFETS" (citation). Par ces prérogatives présidentielles, il met ainsi fin au sacro-saint postulat de la causalité. Selon l'humeur d'une certaine méta rationalité, les causes A, qui, ayant agi une fois ensemble dans les conditions Z, auraient produit l'effet Y, peuvent dorénavant donner lieu à autre chose que Y en agissant dans les mêmes conditions Z. Dorénavant, une autre herméneutique est possible quant au rapport de cause à effet et entre les termes des équations mathématiques, à la manière notamment des équation (1+1+1 = 1) ou (3x1 = 1).

 

Par delà le rationnel

En fait, cette nouvelle herméneutique a déjà été sérieusement testée au Maroc notamment en 2005-2006, lorsque la prophétie politico-apocalyptique de Cheikh Yacine pour l'année 2006 au Maroc a fait durant plus d'une année, office d'argument politique pris au plus grand sérieux par tous les protagonistes dans le pays maure.[1]

A nous en tenir à cette nouvelle école, l'année astronomique que nous entamons ces jours-ci, s'annonce être une Année du Fer à en croire le calcul des nombres de l'échéance trilogique 1430 + 2009 + 2959 pour laquelle on m'a comblé de vœux électroniques. En fait, cela fait la somme totale de 6398, un nombre qui encode l'expression en chiffre (6+3+9+8), qui donne en fin de compte la somme 26.

Or, comme je l'ai dévoilé à la curiosité de ceux et celles que fascine cette manière de se servir de ce qu'on a sous le crâne, le chiffre 26 serait doublement significatif : car il est la somme des valeurs alphanumérique des lettres h-d-y-d du mot pour "fer" en arabe (selon l'alphanumérique sémitique, d=4;  h=8;  et  y=10). Cet encodage serait donc, en fait, une référence au poids atomique du fer, qui n'est autre chose que 26, et reflèterait par là même, d'ailleurs et au passage, pour le bonheur de beaucoup d'esprits, les dimensions transcendantales absolues de la langue arabe dans laquelle la Révélation aurait encodé, selon ces esprits, toute la Science potentielle.

 

Enfin, selon la Révélation coranique toujours, le fer recèle à la fois le Bien et le Mal ("Nous avons donné le fer, qui porte en lui de terribles malheurs et des avantages pour les humains". Le Fer : 25). Etrange recoupement de la numérologie musulmane et juive: j'ai déjà fait, dans un essai antérieur en arabe,[2] le rapprochement entre le chiffre 26 qui est la valeur alphanumérique (8+4+10+4) du nom hdyd pour le fer en arabe (avec toutes ces forces contradictoires du Bien et du Mal que le Coran associe à cet élément dans la sourate qui porte son nom) et le chiffre 26 qui est également la valeur alphanumérique du tétragramme YHWH (10+5+6-5) et qui représente la somme double de la valeur alphanumérique 13 du mot AaHaBaH (1+5+2+5 = 13) qui veut dire "Amour" en hébreux. Or, le tétragrame YHWH est l'expression kabbalistique ineffable de l'Eternel (Miséricordieux et Furieux) qui se proclame comme: «Jéhovah, Jéhovah, Dieux clément et miséricordieux (…) conservant bonté de cœur à des milliers (…) mais en aucune façon n'exemptera de la punition, faisant venir la punition pour la faute des pères sur les fils et sur les petits-fils, sur la troisième génération et sur la quatrième génération.» (Exode 34, 6-7). Dans le Coran aussi, les deux qualificatifs de shadiid "furieux" et rahiim "miséricordieux" sont récurents l'un près de l'autre comme attributs de Dieu.

Pour ce qui est du lot de cette année 2009 précisément de cette double force, "Le triomphe du Fer sous forme de feu à Gaza en Méditerranée orientale en ces moments même, présage plutôt de faire pencher les forces du Fer du côté de l'Axe le Mal", aurait dit l'esprit d'un Nostradamus; car là aussi et surtout là, la logique première du rapport entre CAUSES et EFFETS semble avoir été mise à mal depuis longtemps dans l'engrenage de la grande et de la petite histoires. Quand même, et malgré tout, Bonne "Année du Fer" pour tout le monde!



01/01/2009
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