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(En Français) La portée de la consécration de l'affluent hébraïque par la constitution marocaine vs. une lecture opportuniste de la Constitution

La consécration de l’affluent hébraïque de l’identité et de la culture marocaine:

Un simple clin d’œil politiquement correct?

 

La consécration, par la nouvelle constitution marocaine, de l’affluent hébraïque comme composant de l’identité et de la culture marocaine, est-elle un simple spot de communication et consommation politique, lancé à l’égard de quiconque a intérêt? Il s'ensuit que cela n'engage rien en fin de compte sur le plan pratique institutionnel comme action de prise en charge.

Cette lecture opportuniste de la Constitution’est, en tout cas, ce que semblent faire certains esprits hantés par le complot et dont l’éthique est forgée sur la base d’un arrivisme hypocrite, voir cynique. Et c’est là, de leur part, un énorme affront à l’égard du peuple marocain, qui a débattu de cette constitution, qui l’a rédigée et qui l’a votée.

 

Cette Constitution, qui marque un tournant dans l’évolution de la pensée et de la conscience collective marocaines modernes, n’a pourtant fait que consacrer un fait ancestral et toujours vivant sous de nouvelles formes, bien ancré dans la réalité culturelle, symbolique, littéraire, intellectuelle, imaginaire, artistique, culinaire, vestimentaire, artisanale et de fond de monuments et de lieux patrimoniaux, sous des formes distinctes ou syncrétiques diverses (Pour un spécimen de la littérature vivante, voir Ici; en arabe). Par la force de l’histoire, et par ses formes syncrétiques qui sont le résultat de cette histoire, et aussi par le nouvel esprit moderne qui anime la société marocaine, comme le reflète la nouvelle Constitution, ce pan de la culture marocaine est aujourd’hui la propriété de tous les marocains, qui se doivent de se l’approprier consciemment, d’y investir et de s’y investir institutionnellement pour le préserver et le mettre en valeur sur tous les plans, notamment parce qu’il fait partie de ces différents modules culturels qui constituent, dans leur composition originale indécomposable, la spécificité de l'identité marocaine irréfragable qui immunise le Maroc contre toutes les tentatives de dilution dans les différents cadres d’aliénation d'hier et d'aujourd'hui. Les récentes initiatives d'action de certaines instances (notamment le CCME, le CNDH, le ministère des habousses) sont louables mais ne sont plus suffisantes.

 

Les différentes manifestations de cet affluent n’appartiennent donc pas, uniquement et exclusivement, de manière ostracisant, à une frange quelconque de la société marocaine comme lesdits esprits ont tendance à le croire.

Pour ce faire, et étant donné les vicissitudes de l’histoire des soixante dernières années, qui ne dépendent exclusivement d’aucune partie en particulier, la prise de conscience collective de ce pan de la culture et de l’identité marocaine, que la Constitution a consacré juste à temps, dépend aujourd’hui essentiellement de l’action intellectuelle académique et institutionnelle. Sur le plan purement académique et de terrain, et à titre purement individuel, les œuvres d’une génération de précurseurs a déjà amplement déblayé le terrain: celles notamment d’un Haïm Zafrani (auteur notamment de "Deux mille ans de vie juive au Maroc"), et d’un Simon Lévy ("Essais d’histoire de civilisation judéo-marocaine" entre autres) et autre par exemple, qui, armés notamment d’outillages linguistiques et de savoir, nécessaires aujourd’hui pour l’accès aux différentes manifestations de ce pan culturel, ont ouvert la voie et balisé le chemin. Trois autres générations (en termes académiques) se sont succédées, mais toujours dans le même cadre d’initiative individuelle, hors de tout programme institutionnel. Il s’agit (i) de la génération d’un Ahmed Chahlan d’un Abdelaziz Chahbar ou d’un Mohanmed Elmedlaoui entre autres, (ii) de celle de leurs anciens étudiants-doctorants, et enfin (iii) celle des étudiants-doctorants de ces derniers, qui commencent aujourd’hui à soutenir leurs thèses, qu’ils ont choisies, chacun(e)s d’entreprendre et de soutenir à titre d’aventure individuelle et dans des conditions académiques précaires, voir hostiles, hors de tout projet institutionnel, à l’instar des expériences  de leurs prédécesseurs.

 

La succession de ces quatre générations, dont les unes ont formé les autres, a ainsi opéré un grand tournant culturel et intellectuel dans la conscience national marocaine. Il s’agit de la dé-communautarisation du savoir portant sur l’affluent hébraïque de l’identité et de la culture marocaine et de l’outillage linguistique nécessaire à ce savoir dont la valeur N’EST PLUS EVALUEE à l’aune des chiffres et poids ethno-démographiques, des affres desquels ont longtemps souffert d’autres composants de l’identité marocaine; et ce par la force, aujourd’hui, de la lettre et de l’esprit de la nouvelle Constitution.

 

Dorénavant, c’est à l’action institutionnelle de suivre sur le plan de la politique publique en matière des langues et de la culture marocaine.

 

Mohamed Elmedlaoui

https://orbinah.blog4ever.com/m-elmedlaoui-publications-academiques



26/12/2015
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